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Les prospections dans les champs de manioc : étape essentielle dans la lutte contre les maladies virales du manioc en Afrique de l’ouest et du centre

La lutte contre les virus des plantes à racines et tubercules nécessite des données
scientifiques précises sur les types de virus présents dans les pays d’intervention du
programme, leur distribution géographique ou encore les types de variétés de plantes
auxquelles elles sont plus sensibles. Pour ce faire, le programme WAVE a recours depuis sa
création à des prospections dans les champs pour une meilleure compréhension et gestion
des maladies virales des plantes à racines et tubercules.

Voyage au cœur des prospections du hub WAVE Côte d’Ivoire 

Témoignages des Directeurs Pays du Programme WAVE sur les prospections dans leurs
pays respectifs

  • Prospections en terre gabonaise : Témoignage du Directeur Pays, Prof. Jacques
    François Mavoungou

Après la longue période de confinement liée à la propagation de la COVID 19, l’équipe WAVE
Gabon a lancé ses activités de prospection en septembre 2020. Les prospections se sont
déroulées dans les deux grandes provinces du Gabon avec un total de 08 départements et
de 39 villages ou zones agricoles prospectés.
Le contact en milieu paysan a été très convivial dans tous les villages au cours de la
prospection. Nous avons rencontré de nombreux producteurs locaux avec lesquels nous
avons échangé. Nous avons dans un premier temps, évalué leur niveau d’information sur les
maladies du manioc en particulier la mosaïque du manioc. Ensuite, nous les avons formés à
la reconnaissance des symptômes de la CMD et sensibilisés sur la nécessité d’adopter de
bonnes pratiques agricoles notamment en sélectionnant des boutures saines dans les
processus de renouvellement de leur champ.

Cette étape nous a permis de constater les niveaux de connaissance des producteurs sur les
maladies virales des plantes à racines et tubercules. Tous les acteurs, aussi bien le personnel
des secteurs agricoles que les producteurs ont souhaité à l’unanimité que ces visites soient
récurrentes et que des formations périodiques soient organisées à leur intention afin de
renforcer leur capacité non seulement en termes de surveillance épidémiologique, mais
aussi sur les bonnes pratiques agricoles pour l’amélioration de la production.
Par ailleurs, nous avons dû faire face à quelques difficultés notamment durant ces
prospections à savoir :

– L’accessibilité des plantations : Il faut noter que les champs de manioc au Gabon ne
se trouvent pas en bordure de route, mais souvent à 1,2 ou 3 km des grands axes
routiers. Il faut parcourir de grandes distances à pied pour visiter les champs installés

en zone de forêt. Pour la facilitation des missions de prospection, le soutien du
Ministère de l’Agriculture a été sollicité à travers les responsables provinciaux et
départementaux de l’agriculture, qui ont joué un rôle primordial dans la prise des
contacts et l’identification des pistes conduisant vers les champs de manioc.

– La distance entre les départements d’une même province : La superficie du Gabon
est grande avec des provinces très vastes et distantes les unes des autres. Tous les
axes n’étant pas bitumés, l’accès à certains départements demandait beaucoup
d’effort et de dextérité dans la conduite.
Après cette première phase de prospection, les travaux de laboratoire pour le diagnostic
moléculaire ont repris, en attendant de démarrer la 2 ème grande phase des prospections dans
les autres provinces.

  • Prospections en terre camerounaise : Témoignage du Directeur Pays, Dr. Oumar
    Doungous

Les prospections au Cameroun ont commencé au mois d’Août 2020. Le manioc est produit
dans presque toutes les 10 régions du Cameroun. A ce jour, 8 régions ont été prospectées,
soit 246 champs.
Le contact avec les populations locales, les agriculteurs et les producteurs de manioc s’est
très bien déroulé. Les paysans nous ont réservé un accueil chaleureux dès le premier
contact. Toutefois, nous avons remarqué que beaucoup d’entre eux ne connaissent pas les
maladies virales du manioc. De ce fait, ces paysans ont été sensibilisés sur les méthodes de
gestion de la maladie de la mosaïque africaine du manioc. Nos conseils ont porté sur
l’utilisation de variétés résistantes et le choix de boutures issues de plantes ne présentant
pas de symptômes de la maladie.

Nous avons toutefois rencontré lors de ces prospections quelques difficultés liées à :
La réticence de certaines populations : dans certains cas, les populations ne nous
accordaient pas l’autorisation de visiter les champs dont les propriétaires étaient
absents. Dans la plupart des cas, nous arrivions, en faisant preuve de pédagogie et de
diplomatie, à les convaincre. A défaut, nous respections leur choix et options pour la
visite de champs de personnes accueillantes.

L’état des routes : à certains endroits, les routes étant impraticables. Nous avons eu
recours à la traversée de cours d’eau en marchant ou en utilisant le bac en vue
d’avoir accès aux champs. On a rencontré des situations où un pont était abimé suite
à un passage d’un camion. La seule solution était de faire demi-tour après avoir
parcouru plus de 300 km.
– Dans de zones de pâturages, il est difficile de trouver des champs de manioc aux
alentours de villages. Les champs étant très éloignés des lieux d’habitation, nous
avions souvent recours à des guides locaux ainsi qu’à la marche à pied.

Les prochaines étapes après ces prospections vont porter sur les analyses au laboratoire.
Celles-ci se dérouleront dans les laboratoires de WAVE Gabon ou WAVE RDC, en attendant
que nous finalisions la construction du laboratoire WAVE Cameroun.

  •  Prospections en terre béninoise : Témoignage du Directeur Pays, Prof. Corneille
    Ahanhanzo

Les prospections au Bénin se sont déroulées dans 72 communes sur les 77 que compte le
Bénin.

Durant ces prospections, nous avons rencontré des difficultés liées surtout à l’impraticabilité
des voies d’accès qui n’ont pas permis à l’équipe de sillonner toutes les localités et
communes prévues. A titre d’exemple, les communes de Sinendé et de Karimama n’ont pas
pu être prospectées du fait de l’inaccessibilité des champs, or toutes les communes
limitrophes de ces deux communes sont des foyers de la CMD.

Nous entamons à présent l’étape clé des analyses en laboratoire.