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Dialogue politique et technique de haut niveau sur les maladies virales du manioc

Décideurs politiques, bailleurs de fonds, chercheurs et acteurs du monde agricole étaient réunis à Abidjan, les 27 et 28 mai 2021 pour un dialogue politique et technique de haut niveau sur les maladies virales du manioc, co-organisé par WAVE et le Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le développement agricoles (CORAF). 

Les participants étaient réunis au Pôle Scientifique et d’Innovation de l’Université Félix Houphouët-Boigny (UFHB), durant 2 jours, pour des échanges qui avaient pour but de renforcer les synergies entre les organisations nationales et régionales pour, d’une part mettre en place un système de surveillance efficace et d’autre part mettre en œuvre des plans d’action pour la gestion des phytopathogènes en Afrique de l’ouest et du centre.

Cette rencontre inédite a débuté par un panel ministériel portant sur « la formulation de politiques efficaces en matière de surveillance et de gestion des bio-agresseurs ». Il a réuni sur la scène le Ministre Ivoirien de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, le Ministre de l’Agriculture, de l’Élevage, de la Pêche et de l’Alimentation du Gabon, le Ministre de l’Agriculture, des Forêts et de la Sécurité Alimentaire de la Sierra Leone, la Ministre Délégué auprès de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique du Gabon ainsi que le Commissaire de la CEDEAO en charge de l’Agriculture, de l’Environnement et des Ressources en eau. Les panélistes ont partagé avec l’auditoire leurs expériences gouvernementales dans le domaine de la santé végétale, en particulier en matière de lutte contre les bio-agresseurs et phytopathogènes transfrontaliers. Ils ont unanimement souligné qu’en matière de santé végétale, les frontières terrestres de nos États africains deviennent quasi inexistantes. Ainsi, des alliances fortes entre les pays africains et une synergie entre l’ensemble des acteurs du monde agricole (politiciens, scientifiques et agriculteurs), demeurent la clé de voute de la sécurité alimentaire et nutritionnelle de notre continent. 

Un deuxième panel de discussion a réuni les experts scientifiques des organisations régionales africaines (CEDEAO et CEEAC) ainsi que les chefs de service de la protection des végétaux et du contrôle phytosanitaire du Bénin, de la Côte d’Ivoire, de la République Démocratique du Congo et du Gabon sur le thème de « l’opérationnalisation nationale, régionale et internationale des plans d’action de lutte contre les maladies ».

Qu’ont-ils dit 

« Il est nécessaire de mettre les données à la disposition des responsables politiques pour leur permettre de prendre des décisions en matière de protection des plantes. » (M. Mohamed ABAKAR / Chef du Département de l’Agriculture et du Développement Rural / CEEAC)

« Pour la pérennité des laboratoires, nous demandons aux États de financer des projets de bourses dans le cadre de la coopération bilatérale pour permettre le fonctionnement continu des laboratoires WAVE. » (Dr. Benoît GNONLONFIN / Expert SPS et Phytosanitaire / CEDEAO)

Le 3e et dernier panel de la journée du 27 mai, avait pour thème « la durabilité des plates-formes régionales de surveillance, de suivi et de gestion transfrontières pour les maladies des plantes ». Nous avons accueilli sur scène les représentants du Biorisk Management Facility (BIMAF), du Système Régional Innovant de contrôle des Mouches des Fruits en Afrique de l’Ouest (SyRIMAO), du Projet TAAT de la Banque Africaine de Développement, le Directeur de la Recherche et des Opérations de WAVE ainsi que les chefs de service de la protection des végétaux et du contrôle phytosanitaire de la Sierra Leone et du Burkina Faso.

Qu’ont-ils dit 

“Nous devons travailler main dans la main, accroître la synergie entre les différentes initiatives. Le modèle WAVE est intéressant en ce qu’il réunit un grand nombre de parties prenantes.” (Dr. GHISLAIN TEPA-YOTTO / Coordonnateur du BIMAF) 

« Les projets vont et viennent. Si nous voulons qu’un système régional fonctionne, il faut un certain niveau d’engagement de la part des pays de la région. Si nous voulons une continuité, c’est essentiel. (…) En tant que pays africains, nous devons joindre le geste à la parole ! Nous parlons, mais au bout du compte, les choses ne bougent pas parce que nous ne sommes pas vraiment engagés. »  (Dr. Chrysantus AKEM / Coordonnateur du TAAT, BAD)

La seconde journée du Dialogue a réuni une cinquantaine d’experts pour des discussions techniques plus approfondies devant aboutir à des recommandations stratégiques pour les différents acteurs de la chaine de valeur manioc en Afrique de l’ouest et du centre : 

 

Thème 1: Opérationnalisation nationale, régionale et internationale des plans d’action de lutte contre les maladies

Les recommandations du groupe de discussion sont les suivantes:

* Au niveau de WAVE

– Faciliter la cartographie des acteurs et faire la sensibilisation de ces acteurs ;

– Faciliter la mobilisation des ressources ;

– Faciliter le transfert des résultats de la recherche aux Services Nationaux en charge de la Protection des Végétaux pour leur dissémination ; 

– Élargir les actions de WAVE à d’autres cultures prioritaires.

 

* Au niveau de la CEDEAO / CEEAC / CORAF

– Adresser une correspondance aux États afin de dédier une ligne budgétaire pour la mise en œuvre du plan de surveillance et de riposte contre les maladies et ravageurs des plantes ;

– Faire un plaidoyer pour la mobilisation des ressources.

 

* Au niveau des Services Nationaux de la Protection des Végétaux (SNPV)

– Élaborer le projet de texte pour la mise en place du comité́ de pilotage / task force ; 

– Contribuer à la mise en œuvre du plan d’action à travers la mobilisation des ressources.

 

*Au niveau du Secteur privé

– Contribuer à la mise en œuvre du plan d’action à travers la mobilisation des ressources.

 

Thème 2 : Durabilité des plates-formes régionales de surveillance, de suivi et de gestion transfrontières pour les maladies des plantes

 

Les recommandations du groupe de discussion sont les suivantes :

*L’identification de dix plateformes phytosanitaires régionales pour lutter contre les principales maladies avec un accent particulier à mettre sur :

  1. L’harmonisation des textes juridiques et des protocoles,
  2. L’amélioration des capacités structurelles, 
  3. La collecte et l’analyse des données, 
  4. Le partage d’expériences 
  5. La mise en place de systèmes de surveillance

*L’identification et la mobilisation des partenaires financiers et techniques dans la lutte contre les maladies (gouvernements, CEDEAO, CEMAC, UE, CORAF…)

*Des plans de durabilité pour les plateformes à travers :

  1. La mobilisation stratégique de fonds ;
  2. Le soutien des différents gouvernements et le renforcement d’une coordination régionale ;
  3. Les partenariats public-privé

Thème 3 : Stratégies et politiques de gestion des maladies végétales transfrontières

Les recommandations du groupe de discussion sont les suivantes:

*Au niveau de la CEEAC et de la CEDEAO

  1. Faire un plaidoyer auprès des différents gouvernements pour les questions de santé végétale aient la même considération que les questions liées à la santé humaine.
  2. Les États puissent respecter les engagements pris à Malabo sur les pourcentages alloués au budget de l’agriculture soit 10% du Budget National

 

*Au niveau  du CORAF et de WAVE

  1. Prendre toutes les dispositions afin que les évaluations phytosanitaires soient faites en accord avec les dispositions arrêtées par la CIPV/ FAO

*Au niveau pays (WAVE, SNPV et structures de recherche)

  1. Renforcer la collaboration et la communication à travers un plan de communication et d’échange d’information en matière phytosanitaire

Thème 4: Harmoniser les réglementations transfrontières régionales pour gérer les maladies des plantes

Les recommandations du groupe de discussion sont les suivantes:

*Au niveau du CORAF: 

  1. Faire un état des lieux des réglementations nationales dans les pays de la CEDEAO et de la CEEAC. Cet état va permettre de faire ressortir les lacunes, les points communs et les divergences des différentes réglementations.

*Au niveau de la CEDEAO et de la CEEAC (d’ici 5 ans)

  1. Élaborer une réglementation harmonisée pour les deux espaces communautaires (CEDEAO, CEEAC)

*Les mesures d’accompagnement préconisées: 

  • Le renforcement de capacités : moyens de travail, renforcement des ressources humaines 
  • La sensibilisation des acteurs de la chaine de valeur : opinion public, décideurs politiques, agents commis à l’inspection phytosanitaire, les agents en charge de la vulgarisation agricole
  • Faire le plaidoyer auprès  des politiques pour l’élaboration et la mise en œuvre effective de la réglementation qui en émanera. 

 

Thème 5: Centre régional WAVE pour les phytopathogènes transfrontaliers : le rôle des institutions hôtes

Les recommandations du groupe de discussion sont les suivantes :

  • La responsabilisation des États et Institutions: 
    1. Pour une assise des Hubs dans les Institutions, les institutions doivent aider les Hubs WAVE à fonctionner correctement et les gouvernements doivent s’engager davantage ;
    2. Mettre en place un compte d’intervention/compte de réserve de WAVE et de ses Hubs 
  • La formation
    1. Accroître le nombre d’étudiants WAVE, notamment à travers des bourses d’excellence offertes par les Ministères de l’Enseignement Supérieur ;
    2. Former davantage d’agents des services d’extension et d’agriculture
  • Communication autour de WAVE
    1. Communiquer les résultats de WAVE au niveau du gouvernement ;
    2. Développer un réseau à travers les services d’extension
  • Certification ISO de tous les laboratoires de WAVE